domenica 17 febbraio 2013



« La vision systémique chez Teilhard de Chardin »

A.       Daleux

Le Père Teilhard de Chardin ( 1881 – 1955), jésuite et paléontologue, propose une vision cosmique originale dont bien des aspects préfigurent l’approche systémique du réel. Pourtant, celle-ci ne prendra corps que plus d’une décennie après sa mort. Comme en d’autres domaines, il a fait là oeuvre de précurseur. Ce que confirme Basarab Nicolescu qui fait état « …d’autres visions systémiques du monde, comme par exemple celle développée par Teilhard de Chardin »1 On peut lire également chez Joël de Rosnay : « …l’approche teilhardienne intègre la durée, les niveaux d’organisation, la complexité et les interdépendances. Elle est systémique plutôt qu’analytique »2

1)          Une vision dynamique du monde

Contrairement au monde statique de la physique classique newtonienne, dominante jusqu’au début du XXeme siècle, le monde selon Teilhard repose sur une trame dynamique, le feutrage de forces en interaction qui, par leurs échanges, engendrent ce qui nous apparaît comme un monde d’objets statiques. La vision teilhardienne s’apparente ainsi à celle d’Edgar Morin dont le monde repose sur des boucles de rétroaction : « En deçà de la boucle, rien : non pas le néant, mais l’inconcevable et l’inconnaissable. En deçà de la boucle, pas d’essence, pas de substance, même pas de réel : le réel se produit à travers la boucle des interactions…(…) Ici s’opère un grand changement de base. Il n’y a plus d’entité de départ pour la connaissance : le réel, la matière, l’esprit, l’objet, l’ordre, etc. Il y a un jeu circulaire qui génère ces entités, lesquelles apparaissent comme autant de moments d’une production. » 3
Il n’est pas question d’opérer un amalgame concordiste entre la vision d’un monde de dynamismes, d’Edgar Morin, qui reste purement physique, et celle de Teilhard entièrement basée sur la spiritualité. Mais, tout comme Morin, il transforme la perception habituelle d’un monde statique, composé d’objets solides s’influençant mutuellement, en un monde de dynamismes. C’est ainsi que notre cosmos se transforme en une cosmogénèse, un monde en marche dont la Création, toujours en cours, prend pour nous la forme d’une évolution. " Jadis tout paraissait fixe et solide; maintenant tout se met à glisser sous nos pieds dans l'univers: les montagnes, les continents, la Vie, et jusqu'à la matière même. Non plus, si on le regarde d'assez haut, le Monde qui tourne en rond: mais un nouveau Monde qui change peu à peu de couleur, de forme, et même de conscience. Non plus le Cosmos, mais la cosmogénèse » 4 Cette perspective de dynamismes en interaction, fondement de l’approche systémique, se retrouve à tous les niveaux de l’oeuvre de Teilhard.
C’est ainsi que le dualisme, qui considérait l’esprit et la matière comme deux substances distinctes, voire opposées, devient le monisme d’une substance unique mais biface, l’Esprit- Matière, qui présente sa face matérielle à nos organes sensoriels et sa face spirituelle à notre vision intérieure, dans la méditation ou la simple réflexion approfondie. L’évolution spiritualisante de l’étoffe cosmique d’Esprit/Matière consiste dès lors, selon une perspective dynamique, en l’effacement progressif de l’aspect matériel du monde, au profit de l’émergence de son aspect spirituel.
Comme le dit Teilhard, "... du point de vue phénoménal où systématiquement je me confine, Matière et Esprit ne se présentent pas comme des "choses", des "natures", mais comme de simples variables conjuguées, dont il s'agit de déterminer, non l'essence secrète, mais la
1 Basarab Nicolescu : Nous, la particule et le monde p.115 -1985
2 Joël de Rosnay Les chemins de la vie p 155 - 1983
3 Edgar Morin : La nature de la nature p 381 – 382 -1977
4 Teilhard de Chardin : La vision du passé p 337 (Toutes références Teilhard du Seuil = première édition)
courbe

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