lunedì 29 ottobre 2012


     Nous avons besoin de Teilhard

                     Père Antoine Guggenheim
           Coordonateur du pôle recherche au Collége des Bernardins



Pour souhaiter la bienvenue aux intervenants et aux participants
du colloque de l’Association des Amis de Pierre Teilhard de
Chardin au Collège des Bernardins, je voudrais dire d’un mot
l’harmonie que je vois entre les raisons d’être et les missions de
l’une et de l’autre. On peut exprimer cela en disant que nous
avons besoin de Teilhard et même de « teilhards » au pluriel.
Nous, c’est-à-dire notre temps, chrétiens et non chrétiens
ensemble, il nous faut lire Pierre Teilhard de Chardin, chercher à
mieux connaître et à mieux comprendre ses textes dans le
contexte de la science de son temps et de la foi de l’Eglise, à
laquelle il s’est toujours uni, travailler, à sa manière, à mettre en
dialogue les résultats de la recherche scientifique et la méditation
sur les finalités éthiques et religieuses de l’humanité, aimer comme
lui la science, l’aimer chrétiennement, pour l’amour de la vérité et
de l’humanité !
Pour cela, nous avons besoin de teilhards, s’il est permis de faire
de ce nom propre, si connu dans le monde, comme un nom
commun qui décrit une certaine manière d’exister en quête de
vérité à la double lumière de la raison et de la foi. Notre temps a
besoin, c’est une évidence qui se fait jour bruyamment dans la
voix des éléments naturels, mais aussi dans la voix des peuples et
de certains sages, que la voie cosmologique soit perçue comme
une voie anthropologique et théologique. Le souci de notre
planète, qui est le patrimoine héréditaire de l’humanité et dont la
Bible nous dit qu’elle nous est remise et confiée comme à des
intendants, appartient à ce qui rend une éducation, une société,
une religion, plus humaines et plus vraies.
J’ai beaucoup reçu, dans mes études de théologie, d’un texte de
Teilhard, une leçon donnée aux élèves de l’Ecole polytechnique
dans les années 1920, qui s’intitule « Science et Christ. Analyse et
synthèse ». Ce titre bref évoque beaucoup d’espoir : que le
discours des théologiens et des croyants soit attentif à une vraie et
rigoureuse analyse du réel, des textes saints, de la nature, de
l’histoire, de l’homme…, étude scientifique qui n’est pas imposée
à la foi de l’extérieur comme une critique rationnelle qui la
conteste, mais exigée par la foi elle-même ! Mais aussi que le
travail scientifique soit animé par un effort de synthèse, plus large
que lui, synthèse toujours ouverte, jamais aboutie, qui manifeste
que la science est orientée par la quête d’une sagesse et d’un
amour de la vie qui est au principe et au terme du désir de savoir !
Nourrir la philosophie et la théologie par les sciences, éclairer les
sciences par le Christ sont deux ambitions d’un amour chrétien de
la science qu’enseigne Teilhard. « L’amour bannit toute crainte »,
disait saint Jean ! L’Association Pierre Teilhard de Chardin et le
Collège des Bernardins peuvent, avec d’autres, y contribuer.
Si le Collège est heureux de vous accueillir, c’est non seulement
parce qu’un certain nombre des membres de l’Association, très
éminents, ont cru à sa naissance ou soutiennent son
développement, mais surtout à cause de « l’homologie »
d’inspiration entre le projet teilhardien et celui des Bernardins. Les
Bernardins sont un lieu de débat et de recherche pour l’Eglise et
pour la société pour permettre la rencontre des entreprises des
hommes et des femmes de notre temps et de la tradition
chrétienne et pour que de cette rencontre naisse une nouvelle
fécondité de la culture, une nouvelle synthèse de l’aventure
humaine. Dans un bâtiment qui évoque la sagesse monastique,
l’art, les débats et colloques, la formation théologique sont
mobilisés autour de la question cruciale de l’homme et de son
avenir.  
Le dialogue de la raison moderne et de la foi chrétienne est une
nécessité que croyants et incroyants ressentent mieux aujourd’hui
peut-être qu’il y a quarante ans. L’orientation actuelle de la pensée,
les problèmes auxquels l’humanité a à faire face dans le contexte
de la mondialisation favorisent une ouverture mutuelle et un élan
tel que celui qui anima Pierre Teilhard de Chardin et tant d’entre
vous à sa suite. Le Pape Benoît XVI, dont on sait l’estime qu’il
porte aux sciences modernes, à la suite des gestes forts de Jean-
Paul II, a tenu ici même une de ses leçons académiques dans
lesquelles il a redit son espérance que chrétiens et non-chrétiens,
croyants de différentes religions et incroyants, relèveront
ensemble le défi du dialogue, comme ce fut le cas dans les temps
les plus féconds de l’histoire1. Je vous remercie. Je vous souhaite
de bons travaux !

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