mercoledì 31 ottobre 2012


Teilhard et sa vision spirituelle du Milieu mystique
              Pasteur Philip HEFNER
                 (Georgetown University aprile 2005)

Résumé : Les commentaires du Pasteur Hefner sont une interprétation de l’essai de Teilhard
en date de 1924 : « Mon Univers ». Teilhard parle du « Milieu mystique » dans lequel sa vie se déroule. Ce Milieu est un parcours charnel, matériel vers la plénitude de la Christogénèse.
Cette vision spirituelle reconnaît la matérialité du parcours spirituel, et rend ainsi l’étude scientifique de la matière et de la nature révélatrice de Dieu. Cette vision est aussi une ligne directrice pour le travail moral qui s’offre à nous dans la construction de la Terre, trava qconstituenotrecontribution au développement spirituel ayant la Christogénèse pour résultat.
Ecrivant à Tientsin, Chine, il y a quatre-vingts ans presque jour pour jour, Teilhard livra pour
la deuxième fois un essai dont le titre était « Mon Univers ». Ce texte a depuis longtemps pour
moi une signification spéciale. Teilhard y parle du « Milieu mystique ». C’est un état de
conscience qui marque toute sa vie, qu’il agisse, qu’il prie, ou qu’il « ouvre laborieusement
son âme pour le travail ». Dans cet état de conscience, il se sait « in Christo Jesu ».
Que pouvons-nous dire de ce Milieu mystique ? « C’est une Chair –car de la chair il a toutes
les propriétés de domination palpable et d’étreinte sans limite. » C’est le Monde, et par
conséquent « pas une des impressions que j’en reçois ne manque de m’apporter une petite information supplémentaire sur Dieu. Comme un organisme puissant, le Monde me transforme en celui qui l’anime ». Avec ces mots, Teilhard donne un aperçu sur une vision spirituelle puissante, aux immenses possibilités pratiques. Union avec le Christ et union ave le Monde deviennent un seul processus de croissance –physiquement, moralement et spirituellement. Le Christ et le Monde sont inséparables. Nous reconnaissons en cela
l’importance que Teilhard donne toujours à la « Christogénèse », pleine participation du
Christ à la dynamique de l’évolution du Monde.
Ces idées ont un pouvoir magnétique ; elles nous entraînent dans une vision fantastique de
Dieu et du Monde. Ce qui m’a d’abord attiré vers cet essai, cependant, et qui est demeuré en
moi, s’exprimant dans mes sermons et dans mes cours, c’est l’image de l’Eucharistie qui porte
la vision de Teilhard. Citant Grégoire de Nysse, il écrit : « Le pain Eucharistique est plus fort
que notre chair ; voilà pourquoi c’est lui qui nous assimile, au lieu de nous, quand nous le
prenons ». Le pain, qui est le corps du Christ, nous consomme. Nous savons que, pour
Teilhard le Monde entier et toute la création sont l’Hostie Eucharistique. C’est cette Hostie
qui est élevée dans la Messe sur le Monde que nous avons célébrée hier. Le corps du Christ a
les contours de l’Hostie que nous avons reçue dans le sacrament, mais il n’y est pas confiné.
L’Eucharistie a « des extensions réelles et physiques ».
« Puisque, avant tout, le Christ est oméga, c’est-à-dire « forme » universelle du Monde, il ne
saurait trouver son équilibre et sa plénitude organiques qu’en assimilant mystiquement tout
ce qui l’entoure. L’Hostie est pareille à un foyer ardent d’où rayonne et se répand la flamme.
Comme l’étincelle jetée dans la bruyère s’entoure bientôt d’un large cercle de feu, ainsi, au
cours des siècles, l’Hostie sacramentelle, l’Hostie de pain, va s’enveloppant toujours plus
intimement d’une autre Hostie, infiniment plus grande, qui n’est rien moins que l’Univers luimême…
Le Monde est la définitive et réelle Hostie où descend petit à petit le Christ et
jusqu’à la consommation de son âge. »
Cette vision spirituelle est sensible au mécanisme réciproque de l’activité et de la réceptivité.
C’est le rythme de la vie –nous travaillons activement, donnant à nos énergies une extension
maximum, et nous somme également agis, entraînés dans le mouvement du Monde, et par
conséquent de Dieu. Dieu nous tire gracieusement vers Lui dans et à travers nos actes, qui
nous poussent vers Lui. Nous prenons le pain et le vin dans le sacrement et nous les
consommons, mais nous faisons cela à l’intérieur du rythme plus vaste où nous sommes nousmêmes
consommés par les flammes brûlantes de l’Hostie elle-même, qui est le Christ.
Deux facettes de cette vision spirituelle méritent une attention particulière ce soir : les
perspectives qu’elle ouvre sur la nature et les sciences de la nature, d’une part, et sa
dynamique pour l’action morale, d’autre part.
Perspectives sur la nature et les sciences de la nature
Pour Teilhard, l’idée n’est pas simplement que les activités du Monde peuvent avoir pour
résultat une Christogénèse, mais plutôt que l’énergie agissante du Monde, la raison d’être de
l’évolution, est le Christ, l’émergence plus complète du Christ. Il écrit :
« Autour de nous, le Christ agit physiquement pour tout régler. Depuis la dernière agitation
atomique jusqu’à la plus haute contemplation mystique ; depuis le plus léger souffle
jusqu’aux plus larges courants de vie et de pensée, il anime sans cesse, sans les troubler, tous
les mouvements de la Terre. Et réciproquement, il bénéficie, physiquement, de chacun d’ eux :
tout ce qui est bon, dans l’Univers est reçu par le Verbe Incarné comme un aliment qu’ il
assimile, transforme, divinise. »
Dans cette vision, nous discernons une perspective sur la nature très significative –la nature
est une révélation de Dieu et des voies du Christ. Puisque les sciences étudient la nature et
fournissent des connaissances sur ses processus, la science est également, quand elle est
comprise correctement, connaissance de la façon dont Dieu agit. C’est sur la base de sa
recherche scientifique que Teilhard formula sa première théorie de complexité-conscience. Sa
vision spirituelle lui faisait un devoir de reconnaître que c’était en même temps une théorie
sur la façon dont Dieu agit. Dans cet essai, il en parle comme de la théorie de « l’Union
Créatrice ».
Les oeuvres scientifiques de Teilhard nous montrent combien pour lui la matière faisait
intrinsèquement partie du Monde et aussi de nous-mêmes. Que nous parlions du physique ou
du spirituel, nous parlons d’un domaine matériel et de son développement. La vision de
Teilhard ne s’occupe pas de la matérialité, ou de naturalisme ; c’est plutôt notre perspective,
notre compréhension de la matière et de la nature qui sont en cause. En tant que processus
d’union créatrice, la matière est inséparable de l’esprit. Aussi ne faut-il pas s’étonner que
Teilhard parle du Milieu mystique comme d’un royaume de chair et de sa propre quête
comme de celle d’un homme qui « n’a pu trouver l’équilibre de sa vie intérieure que dans un
concept physiciste et unitaire du Monde et du Christ, basé sur la physique. » La physique du
Monde et du Christ. Voilà un langage qui nous semble étrange, mais cela n’a pas toujours été
le cas dans la tradition chrétienne. Au XVIème siècle, ce n’était pas si rare, comme en
témoigne le traité de Philippe Mélanchton intitulé « Theologia physica », traité qui eut un
grand retentissement. Teilhard fait un pas de plus avec sa « Christologia physica ».
De nos jours, nous parlerions plus volontiers de ce genre de pensée avec les termes de
« théologie naturelle », ou « théologie fondamentale ». Chez Teilhard, nous le rencontrons
sous forme de vision spirituelle.
Dynamique pour l’action morale
« Parce que le Christ est oméga, l’Univers est physiquement imprégné, jusque dans sa moelle
matérielle, de l’influence de sa surhumaine nature. » Chaque action, chaque oeuvre, aussi
humble et discrète soit-elle, si elle est « bonne », c’est-à-dire si elle tend à favoriser l’union
créatrice de Dieu, est finalement dirigée vers la croissance spirituelle accomplie dans le
Christ. C’est une source de motivation morale et éthique puissante. « Construire la Terre » est
devenu une façon familière d’exprimer cette éthique, et nous savons comment cela peut être
mal compris, et même perverti. Cette norme et cette structure Christogéniques de
développement fournissent le contenu nécessaire à cette idée, et nous permettent de distinguer
entre le bien et le mal, entre ce qui sert la complexité-conscience d’une part, et ce qui est
exploitation cupide. Cependant, nous reconnaissons dans sa vision spirituelle que construire la
Terre n’est pas seulement un impératif moral ; c’est une nécessité ontologique et théologique.
La Christogénèse ne peut se produire qu’à travers le développement de la matière.
« Rien n’arrive à l’esprit que par un trajet déterminé à travers la matière. Sur ce parcours,
les étapes ne sauraient être brûlées ; et il serait bien difficile de dire jusqu’à quelle
profondeur descendent encore au-dessous de nous les racines de l’esprit. La Chair du Christ
s’alimente de tout l’Univers. Le Milieu mystique recueille tout ce qui est énergie. Rien n’est
impuissant et condamné, dans le Monde, que ce qui tourne le dos à l’unification de l’esprit. »
Résumé
Les images de l’Eucharistie sont ici déterminantes. Notre travail, scientifique ou autre, et nos
efforts moraux dans le monde ont vraiment pour but un accomplissement personnel, une
avancée matérielle, et une excellence de performance, mais c’est l’accomplissement,
l’avancée et l’excellence qui sont initiés pour nous dans le corps et le sang du Christ. Notre
construction de la Terre n’est pas notre domination de la Terre, mais plutôt le fait que nous
sommes consommés par la Terre, unis à elle dans des processus de complexité. Notre
construction de la Terre est notre voie de pénétration dans la Christogénèse, notre plus grande
participation au Christ. Le Christ est le capaciteur, le « Dieu-En avant » de l’évolution, et
aussi le critère des bonnes et des mauvaises actions.
Teilhard résume sa vision de la vie chrétienne quand il dit que la vision mystique découvre à
la fois la consécration sacramentelle du Monde par une « foi entière » et la communion au
Monde par une « fidélité entière ». La foi lui fait voir « dans le réseau infini des causes
secondes l’influence organique du Christ » ; la fidélité « saisit toutes les occasions de
grandir » et « toutes les invitations à mourir ».

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