giovedì 8 novembre 2012

 Le Ressuscité selon Teilhard de Chardin
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  Gérard LECLERC
    -Comment oublier que c’est le jour de Pâques 1955, il y a donc cinquante ans que Pierre Teilhard de Chardin entrait dans la lumière. Cette mort, le jour de la résurrection il l’avait toujours secrètement souhaitée, et comment ne pas voir qu’elle signe l’œuvre même de sa vie ? N’avait-il pas écrit à sa cousine Marguerite Teilhard-Chambon en 1952 : "Demande toujours à Dieu pour moi de finir de telle sorte que cette fin, modestement mais clairement et dignement, scelle mon témoignage." On ne pouvait mieux exprimer à quel point la foi au Christ, qui avait toujours été au cœur de sa vie et de sa pensée, constituait son message ultime, celui qu’il désirait partager au delà de son espace terrestre.
Sans doute peut-on faire des réserves, d’ordre philosophique ou théologique sur un point ou sur un autre des écrits du père Teilhard. Mais aucune objection, si motivée soit-elle, ne saurait entamer l’intention fondamentale, l’axe selon lequel tout s’ordonne. L’intéressé ne se définissait-il pas lui-même comme intégraliste, ce qui ne signifie évidemment pas intégriste, mais proclame fièrement la totalité de la foi, sans qu’aucun aspect du credo puisse être oublié ou minoré. Même s’il est arrivé à un certain moment qu’il y ait des dérives idéologiques du teilhardisme, avec des extrapolations trop politiques, on n’a jamais pu vraiment dénaturer ce qui constitue la grande vision du religieux, toute imprégnée par le sens de la création dans le Christ, par l’Incarnation, la Rédemption et l’accomplissement final dans la Parousie.
Peut-être est-ce le moment de revenir au Teilhard essentiel. Nous avons besoin de sa pensée unifiée, de sa foi étroitement unie à son intelligence, de son espérance eschatologique pour rompre avec toutes les tentations actuelles au repli, au désenchantement, ainsi qu’à l’éclatement anthropologique à quoi aboutit une tendance mortifère trop largement répandue. Certains critiques lui ont reproché un optimisme incompatible avec le sens du péché. Le père de Lubac a répondu sur ce point, en montrant comment il y avait chez Teilhard un vrai sens du mal et même un fond d’angoisse que seule l’espérance chrétienne pouvait surmonter. Au surplus, le profond surnaturalisme du théologien requiert une totale transformation du monde et de l’humanité.
On a pu penser il y a trente ans que le teilhardisme rejoignait un certain progressisme. Nous n’en sommes plus là. Les philosophies de l’histoire, les grands systèmes ont éclaté. Le règne de l’individu a remplacé nombre d’idéologies collectivistes. Un certain laïcisme voudrait chasser de l’espace public tout appel du surnaturel. Non, ce n’est vraiment pas ainsi que Teilhard concevait le développement de l’homme et la poursuite du progrès. Aussi importe-t-il de le redécouvrir dans sa grande ambition, qu’on pourrait appeler "panchristique", selon une acception tout à fait paulinienne et traditionnelle. C’est l’appel du Ressuscité qui fait sortir l’humanité de ses incertitudes et de ses désespérances. L’histoire ne nous conduit ni à l’absurde, ni à la catastrophe. Dieu s’y est engagé et nous attend au terme de l’aventure, pour être Tout en tous.
Da France Catholique 
vendredi 1er avril 2005






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